Il reste toujours quelque chose à inventer...
Je suis très heureux d'avoir travaillé avec James et Liliane Hodges ; ce sont des moments inoubliables qui me suivent toujours.
D'ailleurs, je me souviens ne pas y croire : M. James Hodges a accepté de me faire avancer sur mon spectacle ... Pas possible !
J'ai réalisé que c'était bien vrai uniquement lorsque j'ai vu James et Liliane sur le quai de la gare de Toulon. Wahou ! C'était comme si un fan de Johnny rencontrait son idole !
C'est toujours avec beaucoup de plaisir que je les croisent... Quel Grand Homme ! Quel beau couple ! Quelle vie incroyable, si riche en créativités, en émotions, en rencontres...
C'est énorme d'avoir eu le plaisir de passer ces instants véritablement magiques en leurs compagnie...
Voici une photo de Charly Chap'lumes, ce personnage pour lequel James m'avait dit qu'il était un peu jaloux de ne pas en avoir été le créateur.
C'est probablement l'un des plus beaux compliments que je puisse avoir...
Au plaisir.
Antonin Dupel (ventriloque)
Dessinateur express en toute circonstance...
Merci, Vanina, du fond du coeur pour ce moment bien agréable que je viens de passer, grâce à cette page web.
Je me suis rappelé, ces mercredi après-midi, à Garches, où nous 'jouions' à tes côtés avec ton papa. Nous devions faire un gribouillage, et de ces traces enchevêtrées de lycéens chahuteurs, ton papa faisait naître une cigogne, une fée, un paysage. Des instants féériques de grâce et de bonheur, pour moi qui étais révolté de te voir ainsi allongée sur ce lit blanc d'hôpital.
Luc
En plein vol
Tout le monde a pris place dans l'avion, les hôtesses de l'air et le steward ont mimé les cas d'urgences…
Après le décollage, un petit garçon, seul, s'ennuie à bord.
Son voisin, un barbu aux cheveux longs, lui fait un sourire.
Ayant attiré l'attention de l'enfant, l'homme sort du petit compartiment le sac en papier utile en cas de nausée. Il le pose bien à plat, devant lui sur la tablette, puis sort de sa poche un feutre noir.
L'enfant l'observe.
L'homme dessine alors, sur le soufflet du sac, deux grands yeux, une mèche de cheveux et un nez. Puis, sous le soufflet, mais qui dépasse, il dessine une grande bouche. Plus bas, sur le «corps» du sac, il ajoute deux bras et trois boutons pour symboliser un costume.
Le stylo posé, l'homme met sa main dans le sac et l'anime : c'est une marionnette !
Sous les yeux étonnés du petit garçon, elle se met à parler… et voilà l'enfant qui rit.
Les passagers se retournent pour profiter du spectacle.
Très clairement, la poupée de ventriloquie exprime son envie d'aller avec le garçon, l'homme offre alors la marionnette à l'enfant.
Dans l'avion, le défilé commence… Chaque enfant a envie d'une poupée ! Généreux, l'artiste s'exécute.
Puis vient le moment de l'atterrissage. L'avion décélère et on entend une fillette se plaindre : « J'ai mal au coeur… »
A peine quelques secondes se sont-elles écoulées que tout l'avion se partage entre éclats de rire et panique lorsque la même petite fille s'écrit horrifiée :
« Non ! Pas ma marionnette !... »
Vanina
d'après un récit vécu de James et Liliane Hodges
Réaliser son rêve ?... parfois une dure réalité !
Nous sommes en 1973, jai 9 ans, je suis dans les coulisses du théâtre de l'Olympia avec une partie de ma famille, face à Michel Polnareff, qu'à la maison nous appelons tous Popol. Il a déjà opté pour des cheveux blonds et bouclés, de grandes lunettes noires cachent ses yeux de myope trop sensibles à la lumière ; à trois mètres, il n'y voit plus rien. Il porte un pantalon blanc brillant qui le moule, je ne peux m'empêcher de remarquer que sa braguette est ouverte… mon père (James Hodges) me dira plus tard que ça lui arrive souvent, qu'il n'y fait pas attention : ça me fait sourire et puis ça me rassure que les personnes connues ne soient pas différentes des autres.
La discussion s'éternise un peu, la première partie, une danseuse nue sur scène, fait un peu jaser : peu importe ! Quant aux effets de lumière noire pas de problème, tout se passe bien.
Comme chaque soir, des fans attendent devant l'entrée des artistes que leur vedette sorte. Une des jeunes filles, très émotive, est particulièrement nerveuse à l'idée de LE voir de près, à l'idée que peut être en lui demandant un autographe, elle pourra LE toucher… Elle en a tant rêvé !
Nous nous dirigeons vers la sortie, Michel en tête.
« Enfin le voilà ! » La teenager L'aperçoit et s'évanouit aussi sec !
Dans l'urgence Popol la rattrape pour la confier aux hommes de la sécurité…
Elle ne saura ou du moins ne se souviendra jamais que, ce soir là, son idole la portée dans ses bras : on ne réalise que rarement ces rêves en totalité...
Vanina
Que le spectacle continue !
James, encore adolescent, a été engagé, dans le fameux cirque Pezon, avec ces amis clowns, Zig et Puce, qui sont ses partenaires. Le jeune homme qui se grime en Charlot dont il a la silhouette, est en fait, plus mime que clown : c'est ainsi que le trio trouve son originalité. Puce est l'auguste et Zig le clown blanc ; normal puisque Polco, de son nom de ville, est antillais !...
Bref, un beau jour, à Lille, suite à un incident, James remplace, au pied levé, le dompteur. Les fauves ont une grande place dans la ménagerie de ce cirque, James les aime et accompagnait souvent le dresseur dans la cage, d'autant plus facilement que la famille Pezon a mis au point un dressage en douceur.
Mais lors dune répétition, voilà que deux belles panthères tachetées se chamaillent les faveurs d'un mâle. Spontanément, c'est-à-dire sans réfléchir, le jeune mime tente de les séparer. Une des panthères lui plante alors les crocs dans le mollet, traversant la jambe de part en part ; aujourd'hui encore, quelque soixante ans après, les trous dans sa chair sont là pour témoigner !
De surprise et de douleur James lève son bâton qu'il abat, dans un arc de cercle, sur la tête féline, une chance inouïe, le coup tombe sur la truffe, une zone hyper sensible ; la panthère lâche prise.
Sorti de la cage, les plaies désinfectées et la troupe rassurée, James reconnaît que c'était stupide de sa part d'intervenir ainsi, et voilà Mme Pezon qui enchaîne :
« Oui, c'était stupide, vous auriez pu attendre la représentation ! »
Vanina
d'après un récit vécu de James Hodges
La valise
Il fait nuit.
C'est le sombre Paris de l'Occupation, tous les rideaux métalliques sont baissés.
Un jeune adolescent se glisse dans les rues désertes et silencieuses pour rejoindre son domicile en proche banlieue.
Il a une valise à la main; non, il la porte sous le bras, la serre fort contre lui.
La lune projette, le long des murs, l'ombre de sa silhouette. Son costume de zazou, habilement retouché par sa mère, laisse deviner un corps maigrelet.
Ce soir, il arrive encore à maîtriser cette toux qui, chaque jour, lui arrache un peu plus les poumons.
Mais soudain, au détour d'une rue, ils sont là, face à lui, deux soldats allemands qui le regardent, puis l'encerclent afin de lui faire avouer son crime.
Il ne comprend rien à ce qu'ils disent, mais impossible d'ignorer qu'ils veulent connaître le contenu de sa précieuse valise ; de plus, il sait qu'il a tort de circuler après le couvre-feu.
Malgré sa peur l'adolescent se baisse, s'agenouille pour poser sa valise usée, à ses pieds, sur le trottoir, et l'ouvrir.
Il sent que tous ses gestes sont épiés.
C'est alors qu'éclairé par la lune qui lui sert de poursuite. il se relève. Il a chaussé sa marionnette de ventriloquie et leur improvise un show ; c'est comme ça qu'il gagne son pain. Les Allemands se détendent à la vue de la poupée, ils sourient même !
Ce soir, James, tu rentreras chez toi, pour mon plus grand bonheur : je t'aime Papa.
Vanina
d'après un récit vécu de James Hodges